Par Jean-Luc Follonier | Directeur de projet
Après six productions et un dixième anniversaire couronné en 2016 par L’Orfeo de Monteverdi, Ouverture-Opéra présentera en 2018 La Belle Hélène de Jacques Offenbach.
Conduire à la réflexion et à la profondeur humaine par le rire et l’humour tient depuis toujours de la prouesse que seuls de grands auteurs accomplissent. Tout artiste de scène sait combien sur les planches l’exercice est délicat : c’est avec enthousiasme que nous tentons ce nouveau pari, appelé et encouragé par une grande partie de notre public.
Parfois jugé facile, un temps méprisé par la critique, trop souvent desservi par des mises en scènes vulgaires, l’opéra-bouffe (et sa sœur l’opérette) est un genre où la tentation du rire facile n’est jamais très éloignée, où certains ont confondu populaire et populiste. Il s’agit au contraire d’un genre beaucoup plus délicat qu’il n’y pourrait paraître, où Offenbach et ses librettistes nous proposent des perspectives bien plus riches, subtiles et séduisantes.
La musique du Petit Mozart des Champs-Elysées regorge de couleurs et d’invention mélodique, alternant émotion et légèreté, et nombreux sont ses thèmes qui ont traversé le temps et qui appartiennent désormais à notre inconscient musical. Qui ne pourrait pas fredonner le Galop infernal d’Orphée aux Enfers, ou les couplets des Rois, pour revenir à notre Belle Hélène ?
Des raisons tant financières que logistiques nous interdisent d’inviter à nos productions de la Ferme-Asile un orchestre moderne au grand complet. Mais, dans l’idée de faire vivre de la manière la plus fidèle l’esprit musical d’Offenbach, nous avons donné carte blanche à Blaise Ubaldini, jeune et talentueux compositeur, afin qu’il élabore non pas une orchestration convenue de l’œuvre, mais bien plutôt une réécriture pour un ensemble hétéroclite et innovant dont nous confierons les pupitres à des musiciens valaisans. Nous sommes là en total accord avec nos buts de création originale et de soutien aux jeunes artistes.
Le chœur quant à lui sera tenu par une sélection d’élèves du Conservatoire cantonal réunis dans l’Ensemble Ostinato.
Nous avons la chance de pouvoir confier la direction musicale de cette Belle Hélène à Pierre Bleuse, jeune chef d’orchestre français au début d’une carrière des plus prometteuses, qui allie à ses qualités artistiques la dimension humaine et pédagogique, atout essentiel et précieux dans le travail avec nos jeunes chanteurs.
Un regard sur le chemin parcouru confirme à quel point les productions montées par et pour les jeunes artistes sont essentielles dans notre paysage culturel. Ce sont pour les jeunes solistes l’expérience d’un laboratoire, d’un atelier et d’une scène publique, toute une approche irremplaçable que les seules études académiques, malgré leur valeur, ne peuvent offrir. C’est aussi une émulation sans égale pour tous les participants plus jeunes ou moins aguerris, encore élèves dans des écoles de musique. Ouverture-Opéra a vu plusieurs d’entre eux chanter d’abord dans le chœur, puis se voir confier un petit rôle, puis un grand, et pour certains évoluer aujourd’hui avec succès sur la scène internationale.
Par ses retombées plus larges auprès d’un public nombreux et fidèle, toute cette subtile alchimie se révèle ainsi non seulement décisive pour les jeunes artistes, mais elle amène de manière tout aussi importante une richesse inestimable au tissu musical, artistique et humain d’une région et d’une société. Ces valeurs ne se quantifient pas, mais elles conduisent toujours l’humanité vers son plus bel accomplissement. De toute éternité, elles préparent demain. Nous pouvons penser que le monde actuel a particulièrement besoin de telles étoiles à suivre.