La guerre de Troie a opposé les petits royaumes de Grèce à la cité grecque de Troie en Asie mineure (Turquie). Le prince troyen Énée a vu ses concitoyens exterminés, sa ville détruite, et a perdu presque toute sa famille. Ce guerrier valeureux, fils de Vénus et d’Anchise, quitte l’Asie mineure avec son fils et quelques compagnons. Son origine divine l’appelle en effet à refonder Troie sur des rivages plus propices de la Méditerranée (ce sera Rome, qui règnera sur le monde antique). Mais une tempête jette son bateau sur les côtes africaines (Tunisie). Il est accueilli en héros dans le royaume de Carthage, où le récit de ses aventures est déjà parvenu. Fondatrice et reine de Carthage, Didon, reçoit d’autant mieux Énée que, veuve, elle voit son autorité contestée par le royaume voisin. Énée est vite séduit par l’illusion que Troie pourrait renaître dans la riante cité de Carthage s’il demeurait au côté d’une reine pleine de charmes. De son côté, Didon, qui connaît le destin d’Énée, ne peut s’empêcher de voir en lui un roi idéal pour Carthage. L’escale d’Énée se prolonge…
Acte I
Dans son palais, Didon ne parvient plus à cacher ses tourments. Belinda, sa première dame, devine qu’elle aime Énée sans comprendre que Didon redoute la volonté des dieux. Belinda encourage Didon à accepter l’amour qu’elle éprouve. Une telle union assurerait la prospérité de Carthage, l’honneur de la reine et le bonheur d’Énée qui ne cache pas ses tendres sentiments. Aux encouragements de Belinda se mêlent ceux de la seconde Dame d’honneur et du chœur des courtisans. Tous engagent Didon à assumer ses désirs de femme pour le bien de son peuple. Énée paraît, accompagné par sa suite de Troyens, et se déclare à la reine. Elle tente faiblement de le repousser tandis qu’il se montre prêt à forcer le destin pour demeurer auprès d’elle et servir Carthage. Belinda et le chœur encouragent l’Amour à vaincre les réticences de Didon. Celle-ci finit par céder au fils de Vénus et toute la cour se réjouit.
Acte II
Première scène
Le lendemain matin, Didon et Énée célèbrent leur union par une grande partie de chasse. Mais le Sorcier rassemble ses sorcières dans une grotte afin de fomenter la destruction de Carthage. Tout bonheur lui faisant horreur, il a décidé de ruiner les projets de Didon et d’avancer l’heure du destin pour le héros troyen. Il troublera la partie de chasse par un orage, puis un Esprit maléfique apparaîtra à Énée sous l’apparence de Mercure et lui ordonnera de partir sur le champ.
Seconde scène
Dans un bois, Didon et Énée ont interrompu la chasse et les courtisans les divertissent par des danses et des chants à la gloire de Diane. Un orage éclate et Belinda les presse tous de rentrer à la ville. Énée, qui s’est attardé, voit paraître l’Esprit maléfique sous les traits de Mercure. Celui-ci lui enjoint d’obéir à Jupiter au plus vite et de quitter Didon pour appareiller vers l’Italie avec ses guerriers. Énée se soumet mais blâme les dieux de l’acculer au parjure.
Acte III
Première scène
Dans le port de Carthage, les marins troyens s’apprêtent à reprendre la mer le cœur léger, sans regretter les femmes qu’ils abandonnent. Le Sorcier et ses sorcières se réjouissent de la détresse imminente de la reine, qui sera fatale à Carthage. Reste à déchaîner une tempête qui coulera le navire d’Énée, et leur joie sera complète.
Seconde scène
Au palais, Didon voudrait prier mais sait que les dieux seront inflexibles. Lorsqu’Énée vient lui annoncer l’ordre divin, elle lui reproche de l’avoir trompée : il savait qu’il devait partir et l’a offensée. Énée proteste et décide de désobéir à Jupiter. Hors d’elle, Didon le renvoie. Après son départ, elle demeure entourée par Belinda et sa cour, et s’abandonne à la mort dans une ultime lamentation.
Agnès Terrier
Dramaturge de l’Opéra Comique
